EPI : Réflexions sur une veste d'intervention pour les signaleurs de l'Ofrass (partie 1/7)

16 août 2014

EPI : Réflexions sur une veste d'intervention pour les signaleurs de l'Ofrass (partie 1/7)

Partie 1 - Introduction

Par
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
Cet article n'engage que l'opinion de son auteur

Au dernier trimestre 2013, Marc-Emmanuel Gérard, fondateur et alors président de l'Ofrass, m'avait confié la mission de porter une réflexion sur de nouvelles tenues d'intervention pour les équipiers-signaleurs de l'association.

I. Petit rappel historique

A sa création en 1986, Marc-Emmanuel Gérard (à gauche sur la photo 1 ci-dessus à l'occasion du Marathon de Paris 2003) avait structuré sa nouvelle association comme un organisme essentiellement orienté vers la sécurité routière, en partenariat avec les autorités publiques, reléguant les transmissions radio au second plan. C'est d'ailleurs cette différence fondamentale qui distingue l'Ofrass des associations cibistes, généralement implantées en province.

A l'Ofrass, la radio est un outils utile, mais parmi d'autres, pour assurer notre mission première qu'est la sécurité routière ; Chez nos collègues cibistes, l'activité de signaleur est une fonction, mais parmi d'autres, pour promouvoir l'utilité de leur première activité qu'est la pratique de la radio-amateur. La fonction de signaleur nous est donc commune, mais les objectifs associatifs différents.

Toutes ces structures sont issues du même conglomérat hétérogène, francilien essentiellement, mélange de secouristes et cibiste jusqu'à 1985. C'est ainsi que, par exemple, nous assurions la sécurité sur les rassemblements de bikers sur l’esplanade du Château de Vincennes les vendredi soirs (il y a eu parfois des accidents mortels), ou des interventions de premiers secours routiers sur le périphérique parisien. C'est à cette période de grand flou législatif qui, rappelons-le, se déroulait à la veille de la promulgation de la loi créant les Services d'Aide Médicale Urgente, que ma route a croisé celle du futur fondateur de l'Ofrass.

Ceci pour d'écrire l'état d'éprit de l'époque puisque, quand même, tout cela remonte à presque trente ans ! Le signaleur sportif n'avait alors pas de statut bien particulier, se rapprochant plus de la fonction de signaleur routier de chantier qui lui est antérieure.

Dans ce contexte de carence législative, Marc-Emmanuel (à droite sur la photo 2 ci-dessus) a alors décidé d'instituer un uniforme proche des fonctionnaires des autorité publiques (Photo 3 ci-dessous, lors d'un récent Paris-Colmar). Il poussa même le détail avec des calots et des grades. Cela peut prêter à sourire vingt-huit ans plus tard, mais à l'époque il aimait présenter sur ses dispositifs, des équipiers dans une tenue impeccable, qui inspiraient de l'autorité. L'apparence était sérieuse, mais le travail était d'une rigueur à la hauteur de cet uniforme. C'est sans doute cette présentation rigoureuse, et la qualité de travail qu'il a ensuite prouvé, qui lui ont ouvert tant de portes dans les hautes sphères rapidement par la suite. Il a ainsi pu développer son association qui est devenue, très vite, une référence régionale dans son domaine de compétences.

Presque trente ans ont passé. Conscient des nouveautés législatives et des mutations induites dans la fonction, Marc-Emmanuel avait donc l'intention de moderniser son association : Nouveaux uniformes, nouvelles sérigraphies sur les véhicules, formation continue, ... Même le mot « sécurité » a définitivement été banni à l'Ofrass à l'occasion de l'assemblée générale du 9 février 2014. C'est donc dans cet esprit de renouveau qu'il m'avait sollicité.

Malheureusement, le destin ne lui aura pas permis de voir ses objectifs atteints. C'est donc fort logiquement que Marie Nanton, la nouvelle présidente, a poursuivi cette démarche de modernisation que souhaitait son prédécesseur. Afin d'être fidèle aux aspirations de son fondateur, le nouveau Conseil d'administration s'est résolument engagé dans une mutation de modernisation. Ce nouveau blog participatif, les nouvelles plaques magnétiques pour les safety-cars, de nouvelles tenues, une restructuration interne, une rationalisation des échelons de direction, et surtout, la capacité à déléguer, sont autant d'exemples de cette nouvelle vision politique et d'atouts supplémentaires puisqu'elle met en commun les compétences individuelles et optimise les performances collectives.

II. Démarche de ma réflexion

Dans un premier temps, j'ai porté une réflexion individuelle sur l'aspect législatif & réglementaire, les qualités textiles, les fonctionnalités et bien-sûr la sécurité, le travail de ladite réflexion portant sur un équipement de protection individuelle (EPI dans la suite des textes). Sommes toutes, des critères assez objectifs, valables tant pour l'Ofrass que pour n'importe quelle structure ayant les mêmes besoins. Après tout, ce qui nous est imposé par la législation n'est pas trop sujet à discussions, par définition. Cette première étape s'est donc achevée le 05 décembre 2013, par la remise, à notre regretté président, d'un rapport titré « Réflexions préliminaires à l’établissement d’un cahier des charges pour la nouvelle tenue des Signaleurs de l’OFRASS à partir de 2014 ».

Nous en sommes maintenant à la seconde étape de cette réflexion. Une seconde période, bien différente et plus longue, puisqu'il s'agit d'un débat collectif basé sur une tenue en cours d'expérimentation sur deux équipiers-signaleurs : Julien Périllier et moi même. Une troisième tenue, identique mais sans sérigraphie est testée par Dominique le Doux. L'objectif est de tester en situations réelles un équipement qui réponde aux critères retenus découlant du résumé conclusif du rapport initial.

Dans cette série d'articles donc, je vous propose de partager ma réflexion qui, je le précise dans cette première étape, m'est toute personnelle. Elle n'engage que mon opinion individuelle sur la thématique évoquée et reste donc ouverte au débat collectif. Si elle se destine, avant tout, à mes coéquipiers de l'Ofrass, un certain nombre d'éléments informatifs pourront être utiles à la réflexion de nos lecteurs issus d'autres associations. Et bien-sûr susciter des échanges constructifs entre nous, je l'espère, ce sujet ayant un atout fédérateur.

Dans la suite de mes propos, je ferai sans doute référence aux tenues utilisées par d'autres structures, tenues aperçues sur nos réseaux sociaux.

Le rapport

I - Introduction & objectifs du rapport

La richesse du tissu associatif sur le territoire français est à l'origine d'une multitude d' évènementiels, notamment sportifs et culturels, se déroulant sur la voie publique et nécessitant un encadrement spécifique pour en assurer la sécurité. Par le passé, la sécurisation de ce type de manifestation était assurée par les bénévoles de l'association organisatrice sans moyens particuliers si ce n'était la bonne volonté des intervenants.

La crise économique et les difficultés de recrutement de bénévoles au sein des associations organisatrices ont entrainé d'une part, la disparition de petites manifestations, d'autre part une diminution des effectifs bénévoles disponibles pour la mise en sécurité des manifestations qu'elles organisaient.

La mutualisation de moyens associatifs s'est avérée indispensable afin de maintenir des évènementiels moins nombreux mais plus conséquents.

La raréfaction des personnels bénévoles au sein des associations organisatrices a incité ces dernières à recourir à des prestataires extérieurs pour sécuriser leurs évènementiels sur la voie publique. En l'absence de législation pertinente, les organisateurs ont fait appel par le passé à des renforts bénévoles ponctuels d'autres structures associatives de même type, voire parfois à des société privée de sécurité, généralement destinées initialement à la protection des biens et des sites commerciaux ou professionnels..

Par ailleurs, le désengagement progressif de l'état dans certaines de ses missions de sécurité publique a conduit à une diminution substantielle des effectifs des forces de l'ordre dans la sécurisation de manifestations sur la voie publique.

Cette situation a conduit le législateur à la création, en 1992, d'un statut de signaleur[1].

Enfin, la densification de la circulation routière et les incivilités croissantes des usagers de la route ont conduit les organisateurs à déléguer la sécurisation de leurs manifestations à des associations spécialisées, dont l'OFRASS.

Ces associations, de part leur expérience parfois ancienne, apportent aux organisateurs non seulement une expertise désormais reconnue dans le domaine de la gestion des risques liés à l'usage de la voie publique et des moyens matériels professionnels pour accomplir leur mission en parfaite coordination avec les organisateurs et leurs partenaires : municipalités, services de police, services de prompt-secours et de secours médicalisés, services techniques.

Dans ce contexte, la fonction de signaleur, même si elle est assurée bénévolement, tend à se professionnaliser et par là même, les associations spécialisées deviennent de véritables acteurs de la sécurité routière et auxiliaires de pouvoirs publics lors de leurs missions. En cela, on peut les comparer aux associations de secourisme également présentes sur ces mêmes manifestations pour l'assistance aux victimes.

Intrinsèquement, la responsabilité, tant individuelle du signaleur, que collective de l'association dont il relève, peut être recherchée en cas d'accident. Les responsables d'associations de signaleurs se doivent donc d'anticiper les risques inhérents à leur activité et d'y apporter une réponse pertinente afin de les diminuer en amont et de prouver qu'ils ont satisfait à leurs obligations en cas de poursuites (Sur la photo 6 ci-dessous : A droite les uniformes réversibles actuels de l'OFRASS, avec une face bleue marine, et une face haute visibilité classe 2 orange. A gauche, les deux tenues jaunes actuellement testées).

La tenue de travail du signaleur est un élément primordial de réponse à prendre en considération dans cette politique préventive.

Ce rapport a donc pour objectif de proposer à la commission chargée d'établir le cahier des charges des pistes de réflexions et faciliter la prise de décision quant à la redéfinition d'un nouvel uniforme de service dès 2014.

Car, au delà de la sécurité nécessaire au bon accomplissement de la mission qui lui est confiée, l'association doit veiller à l'homogénéité visuelle de ses équipiers, élément qui contribue sensiblement et positivement à l'image de marque de l'association vis-à-vis tant du public que des organisateurs et institutionnels partenaires.

à suivre

[1] Le décret n° 92-757 du 3 août 1992 modifie le Code de la route et porte sur la sécurité des courses et épreuves sportives sur les voies ouvertes à la circulation publique.

La circulaire du ministère de l’Intérieur en date du 22 juillet 1993, prise en application de ce décret, modifie les dispositions des articles R.53 et R.232 du Code de la route.

Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
© 16 aoùt 2014 - OFRASS

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