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17 juillet 2014

OFRASS : Les 10 règles du bon signaleur

                                      Compétences


« Savoir être » avant « savoir-faire »



Par
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
Ce billet n'engage que l'opinion son auteur

Dans ce premier billet de la rubrique «
compétences », j'aborderai en premier lieu les qualités humaines nécessaires à la fonction de signaleur. Nous aurons en effet l'occasion de revenir ultérieurement sur les compétences techniques au travers des nombreux articles à venir.

les 10 règles du bon signaleur / signaleur de course / signaleur sportif © Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret / OFRASS

1. Respecter son engagement

Intégrer une association de signaleurs comme l'Ofrass c'est
assumer un engagement volontaire.

Ces associations, de plus en plus sollicitées, ont, de fait, tendance à devenir des auxiliaires des pouvoirs publics. Tous comme les secouristes associatifs, qui sont, eux (!), reconnus auxiliaires des pouvoirs publics, les associations de signaleurs suivent, malgré tout, cette inclination, même si le statut du signaleur reste perfectible. Car, il est ici nécessaire de le rappeler : Les missions assurées par le signaleur sont des évènements publics, soumis à déclaration ou autorisation préalable auprès de l'autorité préfectorale, plusieurs semaines, voire plusieurs mois à l'avance. Cette même instance impose à l'organisateur une «
obligation de moyens », en particulier dans les domaines de la sécurité et de la couverture sanitaire. Pour ce qui concerne la sécurité de la manifestation, cette obligation de moyens est déléguée de plus en plus fréquemment aux associations de signaleurs.

2014 04 13 Humarathon 2014 Vitry © JENB Productions (38b)

De fait, l'équipier signaleur est confronté plus ou moins aux mêmes contraintes qu'un équipier actif d'une association de secourisme : Formation initiale, formation continue, assiduité et régularité dans le fonctionnement de l'association. 

Il est sans doute bon de souligner que le caractère bénévole de la fonction ne dégage en rien le signaleur de ses obligations vis-à-vis de son association. Bien au contraire ! Dès lors que l'adhésion se fait sur la base du volontariat (C'est constitutionnel), le membre ne peut se retrancher derrière le motif de la non rétribution pour s'exonérer, même partiellement ou temporairement, de son engagement.

L'engagement est généralement annuel et tacitement reconductible chaque année lors d'une Assemblée générale à l'occasion de laquelle le membre règle sa cotisation.

Respecter son engagement, c'est donc se respecter soi-même, respecter ses coéquipiers, respecter les engagements de l'association. Et donc respecter les organisateurs requérants.

2. Ponctualité

Le signaleur est un élément primordial du dispositif de sécurité de la compétition. Cette importance implique une obligation : Le signaleur doit être à poste au plus tard 1/4h avant le début de la course. Cela nécessite que le signaleur prenne toutes ses dispositions pour se présenter à l'heure prévue sur le dispositif. Souvent d'ailleurs, bien plus tôt, le temps nécessaire pour recevoir les instructions de l'organisateur, effectuer les repérages préalables et préparer son poste. Il est important de souligner que l'insuffisance de signaleurs peut entraîner un retard dans le départ de la compétition, voire entraîner son annulation. Les forces de l'ordre territorialement compétentes ont d'ailleurs le droit de neutraliser la compétition si elles estiment que le dispositif ne répond pas aux obligations définies par l'arrêté : Nombre de signaleurs, absence de permis de conduire,...

La jurisprudence reconnait par ailleurs que le défaut de ponctualité peut être une
faute grave personnelle susceptible de sanctions.

2014 03 02 OFRASS semi marathon paris (7b)

D'importants dispositifs, comme le semi-marathon de Paris, nécessitent de se présenter plusieurs heures avant le départ de la compétition (Photo 2 ci-dessus : Des cadres de l'OFRASS en tête d'une colonne de renfort ACAP lors du semi-marathon de Paris 2014).

Le signaleur est donc ponctuel aux rendez-vous. C'est un témoignage de respect vis-à-vis de ses camarades et vis-à-vis des compétiteurs qui comptent sur lui.

3. Présentation

Le signaleur a une obligation de bonne présentation. Souvent signaleur associatif, il représente en premier lieu l'association dont il est adhérent. En mission, le signaleur se doit donc de se présenter en uniforme (s'il en possède un), à défaut en tenue civile adéquate et propre. Les cheveux sont coiffés. Les hommes sont rasés ou ont une barbe taillée et entretenue. Qu'il soit en civil ou en uniforme, la tenue est propre et soignée (photo 3 ci-dessous : Une équipe OFRASS lors du Paris-Colmar 2014) .

Paris colmar manu 01 (275b)

Pour être respecté, il faut être déjà soit-même respectable. De fait, toute tenue ou apparence négligée ou débraillée est proscrite.

4. Discrétion

Le signaleur se comporte avec discrétion. Il évite les comportements outranciers ou grossiers qui immanquablement attireront les regards désapprobateurs du public, des organisateurs, des autres associations intervenantes et des compétiteurs. Il s'exprime posément, dans un langage adéquat avec sa fonction.

S'il remarque une faute d'un tiers, plus encore s'il s'agit d'un coéquipier de son association ou d'une structure de renfort, il s'abstient de le dénigrer ou de le ridiculiser publiquement. Il lui fait part de ses remarques avec tact et délicatesse : Il ne s'agit ici que d'en aviser la personne elle-même pour son propre bénéfice et, selon la gravité, d'en aviser le chef de poste ou signaleur chef.

Le signaleur n'est pas un délateur. Sauf cas particulier généralement mentionné au règlement de la course, il n'a pas à intervenir sur le comportement des compétiteurs lors de l'épreuve à laquelle il participe : Les commissaires de course et juges étant là pour sanctionner les comportements non réglementaires. Il ne se doit de mentionner un comportement que si l'auteur représente un danger immédiat pour les tiers.


Le signaleur n'oublie pas qu'il est lui même faillible et donc susceptible de remarques.

Le signaleur est tenu à un devoir de réserve lors de sa fonction. Hors cas prévus par la loi, il se doit d'être discret pour tout se qu'il a pu entendre, voir ou simplement comprendre lors de l'exercice de sa fonction. 

5. Modestie

Le signaleur n'est pas fonctionnaire de police, ni gendarme. Il n'a pour seul rôle que de faciliter le déroulement sécure de la compétition. Il n'entrave la liberté de circulation générale qu'en respect de l'arrêté municipal ou préfectoral autorisant la compétition. Dans toute la mesure du possible, le signaleur facilite la circulation des riverains et autres usagers de la route : Il les conseille sur un itinéraire de délestage, les renseigne sur les horaires prévisibles des perturbations. Lorsqu'il doit stopper momentanément la circulation, il intervient avec tact. Il organise son poste pour concilier les intérêts sécuritaires de la compétition tout en facilitant la liberté de circulation des autres usagers (Photo 4 ci-dessous : Gestion d'un giratoire par l'OFRASS lors du Paris-Colmar 2014)

Le signaleur ne surestime pas ses compétences. Il écoute les conseils de ses coéquipiers plus expérimentés. Il encadre ses coéquipiers plus récents et donc plus maladroits. 

Le signaleur a la volonté d'améliorer ses connaissances. Il participe autant que possible aux formations qui lui sont proposées. Il suggère à son encadrement les formations dont il estime avoir besoin. Il propose des procédures. En tout état de cause il porte des observations constructives dans l'intérêt général.

Paris-Colmar 2014 OFRASS

6. Sécurité

Le signaleur à une fonction de sécurité publique. La sécurité individuelle et collective est donc sa priorité permanente. Le signaleur ne doit pas représenter un danger supplémentaire.

Il utilise les équipements de protections individuels. Dès qu'il est sur la chaussée, le signaleur s'équipe de sa tenue haute visibilité, de jour comme de nuit. Il veille en permanence à sa propre sécurité (Un signaleur blessé ou mort est un signaleur inutile !).

Lorsqu'il travaille en binôme, il fait attention à la sécurité de son coéquipier. En particulier il doit veiller aux dangers venant de l'arrière. Ainsi, lorsqu'il doit arrêter des véhicules, le signaleur regarde le danger : Il ne tourne donc pas le dos aux véhicules, mais les regarde lors de ses injonctions.

Le signaleur doit en permanence s'adapter et anticiper : Il prend en compte la visibilité des usagers, les conditions météo et la configuration routière pour adapter ses injonctions qui doivent permettre aux usagers auxquels il s'adresse de réagir convenablement et dans de bonnes conditions. Il prend en compte le temps de réaction de ces derniers.

S'il dispose d'un safety-car, ce dernier doit être stationné de façon à apporter une signalisation lumineuse complémentaire sans pour autant représenter un danger supplémentaire à gérer. Le signaleur dispose sa signalisation temporaire (cônes de Lubeck en particulier) pour prévenir les usagers en approche de son poste, voire les canaliser pour sécuriser son poste (Photo 5 ci-dessous : Gestion d'un giratoire lors du Paris-Colmar 2014).

Paris Colmar 2014 OFRASS

S'il considère que les moyens dont il dispose ne sont pas suffisants pour gérer son poste convenablement, le signaleur n'hésite pas à en référer au signaleur-chef pour obtenir des moyens humains ou matériels supplémentaires.

Un bon signaleur connait ses limites techniques et matérielles et n'a pas honte à solliciter du renfort.

7. Concentration

Le signaleur veille à la sécurité d'autrui. De fait, il s'abstient de tout comportement incompatible avec sa fonction. L'usage du téléphone portable doit être strictement limité aux seules nécessités du service. S'il doit prendre des photos ou vidéos pour les besoins de son association, le signaleur se fait remplacer par un coéquipier le temps de ses prises de vues.

Pour sa propre sécurité et celle des autres, le signaleur est en permanence attentif et surveille le circuit et les abords immédiats de son poste.

8. Professionnalisme

Même s'il agit de façon désintéressée,  le signaleur est astreint à une obligation de moyens. Il doit anticiper, réagir rapidement, faire face aux situations, parfois inattendues, avec calme et sang-froid. Le fait d'être bénévole n'empêche pas des poursuites pénales en cas de manquement à ses obligations. La jurisprudence est de ce point de vue assez abondante et la faute personnelle d'un signaleur est souvent recherchée en cas de sinistre. Ce risque ne doit pas être source de découragement, mais au contraire impulser une motivation suffisante à toujours rechercher la perfection, si tant est qu'elle puisse être atteinte.

Le signaleur ne doit pas oublier qu'il ne saura jamais tout, sur tout en matière de signalisation, d'intervention ou de communication. Toute situation est différente et pose des problèmes particuliers. Il devra en permanence s’adapter, réagir en conséquence, puis partager son expérience (les fameux "rétex", retour d'expérience !) avec ses coéquipiers, en particulier les moins chevronnés pour qu'ils puissent acquérir de l'expérience.

Une course comporte généralement des signaleurs venus de plusieurs associations puisque les associations se renforcent entre-elles. En particulier, des associations se sont spécialisées en signaleurs motos (Photo 6 ci-dessous, un motard-signaleur de l'EMF ouvre la route à une course cycliste au Blanc-Mesnil en 2014). Ces derniers sont des motards généralement très confirmés (parfois issus des rangs de la police ou gendarmerie). En tant qu'escorteurs de la compétition, ils attendent beaucoup des signaleurs fixes. Ils seront les premiers à constater vos manquements : Sur circuit bouclé, ils passent régulièrement et, plus que tout autre, seront à même de juger vos compétences. Inutile de dire que le milieu des signaleurs est très fermé et tout se sait très vite. Et c'est bien connu, les grosses gaffes seront plus vite répercutées que vos bonnes actions !

2014 05 08 Cours Blanc Mesnil EMF (169b)

Si le risque zéro n'existe pas, le signaleur doit tout faire pour y parvenir au plus près.

9. Hygiène de vie : Attention aux sanctions

Ce 9e point aborde la problématique de l'alcool, des substances interdites et des comportements à risque. 

Le signaleur est détenteur d'un permis de conduire. Il va de soit qu'il doit donc se comporter comme tout automobiliste, c'est à dire partir en mission avec une alcoolémie nulle. Il prend donc ses dispositions pour ne pas effectuer une mission sous l'emprise de l'alcool ou de produits stupéfiants.

En premier lieu, le signaleur se repose avant une mission. Contrairement à ce que l'on peut croire, la fonction de signaleur est fatigante. Les horaires sont souvent très matinaux, parfois tardifs, mais toujours contraignants. La vigilance est source de fatigue. Les positions statiques ou du moins debout de longues heures, les conditions climatiques, sont autant de facteurs abaissant l'attention et les réflexes. On évite donc la nouba le samedi soir jusqu'à 2h du mat' si on doit assurer un poste quatre heures plus tard le dimanche matin. Il faut assumer ses choix.

Si le signaleur à le droit à une vie personnelle en dehors de ses activités pour lesquelles, faut-il le rappeler, il s'est engagé volontairement, il se doit donc d'être vigilant sur son hygiène de vie. Il ne consomme donc aucune substance susceptible d'atténuer sa vigilance et ses réflexes suffisamment en amont des missions : Minimum 24h avant pour l'alcool et 3 jours pour du THC.

Il vérifie avec son médecin traitant si son traitement médical peut porter atteinte à ses capacités. Il discute avec lui des adaptations utiles si nécessaires. Voire de s'abstenir de toute fonction le temps du traitement. Vos collègues apprécieront votre franchise et vous le rendront.

Sachez que le caractère bénévole de la mission, y compris dans un cadre associatif, n'interdit pas le responsable de la mission à vous solliciter un contrôle d'alcoolémie volontaire de votre part. Votre refus autorise ledit responsable à vous écarter de la mission si vous présentez des signes manifestes d'incompatibilité.

Enfin, sur le plan juridique, un contrôle positif peut vous conduire à de très lourdes sanctions : Exclusion de l'association, retrait de permis immédiat et poursuites délictuelles avec peines d'emprisonnement. Le tribunal n'aurait alors, à juste titre, aucune indulgence. Une interdiction de fonction a vie peut être également prononcée par les juges. A juste raison.

Le signaleur prend donc ses dispositions pour assurer sa mission dans de bonnes conditions et assumer son engagement.

10. Fierté

Le signaleur porte fièrement son uniforme et fait honneur à son emblème.

Etre signaleur est un honneur :

- L'organisateur vous confie la vie de ses compétiteurs ;
- Votre association engage sa réputation, parfois de très longue date comme l'OFRASS, sur vos compétences ;
- Et surtout (!), les forces de l'ordre vous délèguent des responsabilité de l'autorité publique.

Tous ces tiers vous témoignent donc d'une grande confiance, dans une mission délicate, accidentogène et juridiquement plus exposée

Le signaleur à donc le devoir de remplir sa mission avec dignité, modestie et compétence. 

2014 06 01 Foulées noisy (photo groupe 03)

Le signaleur n'oublie pas qu'il représente toute une corporation de bénévoles en France (Photo 7 ci-dessus : Signaleurs de plusieurs associations supervisées par l'OFRASS lors des 11e Foulées noiséennes en juin 2014) et se comporte de façon à ne pas entacher, ni porter préjudice à ladite corporation, fut-elle non rétribuée.

Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
© 17 juillet 2014 - OFRASS

A lire également :

Le terme « Sécurité » doit être banni par les signaleurs

Les prérogatives du signaleur

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Commentaires
E
A LIRE ÉGALEMENT :<br /> <br /> <br /> <br /> Le terme « Sécurité » doit être banni par les signaleurs<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.ofrass.fr/archives/2014/08/02/30346385.html
M
tres bien explique et tres clair
E
Beau article
É
Très bon travail et bien explique
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